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la comédie

Aller franchir l’air d’une longue trasse,
Dressant au poing ma large coutelasse,
Et de rondache et de casquet armé
Voler ainsi aux combatz animé,
Comme Persée alors qu’en la Lydie
A la Gorgonne il feist perdre la vie,
Et que son glaive au monstre il feist sentir
Lequel vouloit Andromede engloutir.

Genin

Ne viens-tu point à nous icy te rendre
Pour t’emplumer et nostre forme prendre ?

Le Soldat

Rien que cela, ne m’a icy conduict.

Genin

De quel mestier es-tu pour vivre instruict ?

Le Soldat

Je suis soldard.

Genin

Je suis soldard. Saoul de lard, que je pense ?

Le Soldat

Non, mais soldard des plus lestes de France,
Un bon torseur de routtes, et aux champs
Sçachant fort bien rançonner les marchantz,
Vif à l’assault, non bisongne en bataille,
Mais bien plus prompt à faire la ripaille
Chez le bonhomme et picorant son bien
Multiplier, comme on dict, tout en rien ;
Hardy preneur et n’ayant point de cesse
D’aller traittant mon hoste de rudesse
S’il ne veult pas au souper, au disner,
Pour metz friand du beurre me donner.