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la comédie

Procès, debatz, je moyenne et je fais
Que sur le croc ilz pendent pour jamais.
Si Dieu au ciel a la puissance telle
Qu’il donne à l’ame une essence immortelle,
J’ay le pouvoir dessus tous les mortelz
De rendre aussi les procès immortelz ;
Sac dessus sac et forme dessus forme
L’evident droict en obscur je transforme,
Et par deffaulx et par forclusions,
Adjournements et intymations,
Je subvertis du bon droict la substance,
Ou je l’altere et le tiens en balance,
Prest à tomber et facile à ranger
Pour dessus luy en faire transiger :
Brief je suis crainct comme le vif tonnere
Que Jupiter eslance sur la terre.

Genin

Pourquoy veux-tu nostre plumage avoir
Estant orné d’un si brave pouvoir
Et d’un mestier qu’en tel heur tu exerces
Garny d’engins et de ruzes diverses ?

Chicanoux

Tu entendras pourquoy je cherche tant
D’aller ainsi voz plumages portant :
Quand je m’en vay pour adjourner un homme
Rude, fascheux, ou bien un gentilhomme,
Allant chez luy pour gaigner le teston,
Il va pleuvant mille coups de baston
Dessus ma teste, et souvent son espée
Dedans mon sang est fierement trempée,
Et à grands coups il ne s’espargne pas
D’estaffiller mes jarretz et mes bras
Et mon visage imprimant sa colère
Sur moy qui suis venu pour luy déplaire :