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néphélococugie
Viens d’un clin de ta saincte teste

Accorder ma juste requeste,
Et donne abondance de biens

Aux Nephelococugiens.


Genin

J’ay renvoyé ce galand de Poete,
Qui plus cavé aux yeux qu’une chouette,
Plus qu’un hibou effroyable et hydeux,
Et aussi noir comme un beau Diable ou deux
Vouloit hausser par un vers inutille
Le sainct honneur de nostre belle ville.
Si suis-je bien surpris d’estonnement
Comme il a sçeu son nom si promptement,
Et qui a peu luy rapporter et dire
Que nous faisions une ville construire :
« Ces foulz icy n’ignorent jamais rien,
« Feust-ce du mal, et feust-ce aussi du bien,
« Et quand leur rage une foys les possède,
« De les brider il n’y a point remède,
« Ilz n’oyent rien, et ne leur chaut jamais
« Du bon subject non plus que du mauvais :
« Ce qui leur vient dedans la fantaisie
« D’un brusque feu gaillardement saisie,
« Est composé, et en nombres divers
« Vivre se void par l’ame de leurs vers :
« Bref ilz ont tous leurs Muses indiscrètes,
« Et ne sçait-on aucuns des bons Poetes
« Qui soient exemptz d’avoir lascivement
« Traitté leurs vers et leur grave argument.
« Pource Platon de sa ville les chasse,
« Et a bien pris mesmement ceste audace
« D’en dechasser ce grand Meonien,
« Qui est leur Prince et leur père ancien,
« Le reprenant que sa hautaine Muse
« Hors de propos à descrire s’amuse