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CHAPITRE II

LÉONARD DE VINCI

(1431-1519)


Les commentaires des Scolastiques touchant les Mηχανικὰ Pροβλήματα d’Aristote n’ajoutèrent rien d’essentiel aux idées du Stagirite ; pour voir ces idées pousser de nouveaux surgeons et donner de nouveaux fruits, il nous faut attendre le début du XVIe siècle.

« Si, à l’aspect de ces hommes placés comme des colosses à l’entrée du XVIe siècle[1], on osait témoigner une préférence, peut-être la palme serait accordée à Léonard de Vinci, génie sublime qui agrandit le cercle de toutes les connaissances humaines. Dans les arts, Michel-Ange et Raphaël ne purent éclipser sa gloire ; ses découvertes scientifiques, ses recherches philosophiques le placent à la tête des savants de son époque. La musique, la science militaire, la mécanique, l’hydraulique, l’astronomie, la géométrie, la physique, l’histoire naturelle, l’anatomie, furent perfectionnées par lui. Si tous ses manuscrits existaient encore, ils formeraient l’encyclopédie la plus originale, la plus vaste, qu’ait jamais créée une intelligence humaine. »

De son vivant, Léonard de Vinci n’a rien publié. Divers témoignages nous assurent qu’en mourant il laissait en manuscrits certains traités achevés, notamment un traité de peinture et un traité de perspective ; mais ces ouvrages ne nous sont point parvenus. Le Trattato della pittura, publié à Paris par Dufresne en 1651 et souvent réédité depuis, le Trattato del moto e misura dell’ acqua, imprimé

  1. Libri, Histoire des Sciences mathématiques en Italie, depuis la Renaissance des Lettres jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Paris, 1840, t. III, p. 11.