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Cruelle ! Peux-tu voir tant de beautés reluire
Sans perdre en même temps le dessein de leur nuire ?
Penses-tu que ses yeux nos plus puissants vainqueurs ?
Puissent peu sur nos bras pouvant tout sur nos coeurs ?
À l’aspect de son sein d’où naissent tant de charmes
Qui ne voudrait pas rendre et le coeur et les armes ?
Pourrait-on l’outrager par de si rudes coups,
Elle, dont les beautés en donnent de si doux ?
Non, non, ce beau Soleil qui brûle tant de monde
N’a pas été formé pour mourir dedans l’onde ;
Mais t’accuse Rodope, et je dois l’excuser,
Puisque enfin son dessein me peut favoriser,
Si je dis à Daphné cette cruelle envie
Qui menace aujourd’hui le filet de sa vie,
Et si enfin je puis lui conserver le jour
Ce bienfait infini m’obtiendra son amour ;
Mais la voici qui vient semblable à la victime
Qu’on destine à la mort, et n’a point fait de crime.