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Un reste d’amitié m’oppose tous ses charmes,
Affaiblit ma fureur, me fait quitter les armes,
Et remontre à mon coeur qui l’avait condamné,
Que le mal est venu seulement de Daphné.
Mais de quels mouvements ai-je l’âme battue ?
Dois-je excuser encore l’ennemi qui me tue ?
Fureurs à qui je cède et qui me commandez,
À quoi réduirez-vous mes esprits possédés ?
À quelle extrémité n’ira pas mon courage,
Autrefois plein d’amour, maintenant plein de rage ?
N’ai-je pas vu le traître embrasser ardemment
L’impudique sujet de son contentement ?
N’a-t-il pas à mes yeux caressé l’impudente
Autrement qu’une soeur, ou qu’une confidente ?
Et ses puissants transports que j’ai vus aujourd’hui,
Sont-ils pas les témoins qui parlent contre lui ?
Il n’en faut plus douter, Scamandre est sans défense,
L’un et l’autre a poussé la flèche qui m’offense,
Lâche auteur de mes maux et de tant de soupirs,
Pour la dernière fois saoule-toi de plaisirs,