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Ainsi pour te combler de rage et de tourments
Tu sers une impudique en ses contentements.
Et comme si Phénice eût manqué de caresses
Pour faire à son amant de lascives largesses,
Prodigue à mon malheur des plus chers de mes biens
J’ai joint à ses baisers les plus ardents des miens,
Ô rage ! Ô désespoir ! Hé Dieux, qui peut le croire ?
J’ai mis mes ennemis au comble de leur gloire,
Je les viens d’élever au trône où je les vois.
Et je leur aide enfin à triompher de moi.
Mais je leur apprendrai par leur perte prochaine
Que l’amour méprisé se convertit en haine,
Et qu’il ne m’a laissé que les funestes feux
Qui me peuvent servir à les perdre tous deux.
Où j’attends du respect je reçois des outrages,
Je reçois des mépris où j’attends des hommages ;
Et le mépris est seul le trait plus rigoureux
Dont l’on puisse toucher un esprit généreux.
Venge-toi donc Rodope, et pour ton allégeance
Marque ici de leur sang le jour de ta vengeance,
Que Scamandre, ha ce mot a mon esprit charmé !
Puis-je perdre bons Dieux ce que j’ai tant aimé ?