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Et rendre à ton amour les baisers qu’on lui donne.
Pour comble de plaisirs, mon frère, il t’est permis
De recueillir ton bien devant tes ennemis.

SCAMANDRE.

Il ne m’importe pas pour finir ma misère
De baiser en amant, ou de baiser en frère.
Ô plaisirs ! Ô transports ! Les baisers d’une sœur
Froids au regard des tiens n’ont point cette douceur.

RODOPE.

Ô bienheureuse sœur ! Ô baiser qui me touche !
Je le reçois dans l’âme, et Daphné sur sa bouche
Scamandre a jusqu’à moi répandu la douceur
Que sa bouche a versé sur celle de sa soeur.

DAPHNÉ.

Les trouves-tu si doux venant d’une maîtresse
Dont tu ne peux souffrir l’importune caresse ?
Rodope te les donne, ils ne sont pas de moi.

SCAMANDRE.

Je les reçois pourtant comme venant de toi.

DAPHNÉ.

Enfin notre amoureuse (on ne peut nous entendre)
Met son coeur en mes mains afin de te les rendre.