Prenne avec ces baisers tout le feu que j’y mets.
Puisque vous le voulez, je tenterai mon frère,
Je ferai beaucoup plus que votre amour n’espère :
Et si par des baisers nous le pouvons avoir,
Croyez qu’il est déjà dessous notre pouvoir.
Daphné, voici ton frère, ou bien plutôt mon âme,
Porte-lui de ma part ces baisers tous de flamme.
Je vais plus en donner que vous ne m’en donnez.
Dis-lui que tous mes biens lui sont abandonnés.
Je puis bien lui donner les plus grands biens que j’aime,
Puisqu’à ses volontés je me donne moi-même.
Va donc, et dans ce bois j’attendrai ton retour :
Porte-lui ces baisers, et fais pour moi l’amour.
J’aurai l’esprit content, pourvu que je le voie
Répondre sur ta bouche aux baisers que j’envoie ;
Aimable et cher auteur de mes justes transports
Je t’embrasse du cœur, ne l’osant pas du corps.