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Cesse, cesse d’aigrir la douleur qui m’outrage,
Laisse à mon inhumaine un dessein si sauvage,
Et lorsque mes ennuis me traînent au trépas
Si tu ne veux m’aider, au moins ne me nuis pas.
Hélas ! Mon innocence aussi claire que sainte
Ne me peut exempter des assauts de la crainte,
Et j’apprends des malheurs qui me viennent troubler,
Que le plus innocent peut quelquefois trembler.
Ami va lui parler, va dire à cette belle
Que je meurs seulement pour être trop fidèle,
Et que malgré les maux qui tombent dessus moi
Elle est plus dans mon coeur qu’aux lieux où je la vois.

PHILANTE.

Quelles impressions ne peuvent pas séduire
Un coeur appréhensif à qui tout semble nuire ?
Il trouve bien souvent un rigoureux trépas
Dans la crainte d’un mal qui n’arriverait pas.
Empêche-toi de craindre une telle aventure,
La crainte d’endurer fait même qu’on endure :
Attends à t’affliger quand ta chère Daphné
T’appellera coupable, et t’aura condamné.