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Et par un sort étrange, il fuit, il m’abandonne,
Maintenant que ma main lui porte une Couronne.
Ô malheureux effet d’un dessein innocent,
Présent je l’affligeais, et je le pleure absent.
Reviens, Alcimédon, mais le Ciel équitable
Refus à mes travaux ce prix incomparable,
Et de la cruauté que j’eus pour mon amant
La Justice Divine a fait mon châtiment.
Remèdes souverains du mal qui nous dévore,
Dieux donnez-moi l’espoir de le revoir encore.
Mais puis-je seulement mériter cet espoir
Si même en le voyant je n’ai pas pu le voir ?
Mais dis-moi son départ, contente une insensée,
Et m’achève de perdre après m’avoir blessée.

NERINE.

Apaise-toi Daphné, j’ai feint ces déplaisirs
Pour savoir si ton coeur jetait de vrais soupirs.

DAPHNÉ.

Hélas je te l’ai dit.

NERINE.

Les yeux et le langage,
Ne donnent en amour qu’un douteux témoignage,