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Enfin ta cruauté l’oblige à les quitter

DAPHNÉ.

M’as-tu donné l’espoir afin de me l’ôter ?
Tu m’offres d’une main des fleurs et des délices,
Et l’autre en même temps me donne des supplices.
Tu m’as fait concevoir les voluptés du port,
Pour rendre plus cruels mon naufrage, et ma mort.
Que ne me cachais-tu ce qui me désespère,
C’est avoir quelque bien qu’ignorer sa misère,
Quelque trait que nous pousse un astre rigoureux
Tant qu’on ne le sent pas on est encor heureux.
Mais suivons mon Amant.

NERINE.

Pourquoi veux-tu le suivre,
Si de tes cruautés la fuite le délivre ?

DAPHNÉ.

T’ai-je vu mon souci, t’ai-je trouvé mon coeur ?
As-tu vu ta captive, ai-je vu mon vainqueur ?
Ô peine sans pareille, et rarement soufferte,
Au point que je le trouve, on m’annonce sa perte.
Hélas il me suivit, et s’approcha de moi
Tandis que mes rigueurs combattirent sa foi,