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Je quittai donc alors mes parents ébahis,
Sa mort l’ôta du monde, et moi de mon pays.

NERINE.

Ne te suivit-on point ?

SCAMANDRE.

Cela pourrait bien être,
Mais de peur que le temps ne me fît reconnaître,
Je déguisai partout mon pays et mon nom,
Scamandre tint caché le triste Alcimédon,
Et pour me déguiser encore davantage
L’âge et les déplaisirs ont changé mon visage.
Ainsi j’ai vu du monde l’un et l’autre bout,
Et mon seul désespoir fut mon guide partout.

NERINE.

Hé Dieux quelle aventure !

SCAMANDRE.

Après beaucoup d’années
Enfin cette belle île a mes courses bornées ;
Mais de quelque côté que tourne un malheureux
Il rencontre toujours un destin rigoureux.
À peine en ce pays avais-je vu la terre,
Que les yeux de Daphné m’annoncèrent la guerre,