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Lors qu’on n’a pas joui d’un bien si délectable
Le mal de la vieillesse en est moins supportable,
Mais alors qu’en aimant l’âge nous l’a ravi,
Le plaisir reste encor de s’en être servi.
Reçois donc mes conseils en faveur de toi-même,
Et pour ton intérêt aime celui qui t’aime.

DAPHNÉ.

Si la beauté du corps est un bien si léger
Penses-tu que l’amour l’empêche de changer ?
Au contraire l’amour l’a détruit devant l’âge,
Les soins qu’il met au coeur ternissent le visage,
Et lorsque de ses traits un esprit est atteint
Son feu sèche les lis, et les roses du teint,
Ainsi je fuis l’amour, cette source de larmes,
Pour garder plus longtemps si peu que j’ai de charmes
Souffre donc que mon coeur hors de captivité
Ne reçoive des lois que de ma volonté.

NERINE.

Tu t’abuses, Daphné, l’amour est une flamme
Qui ne fait qu’échauffer, et ne brûle pas l’âme,
Son ardeur est semblable à ces douces chaleurs
Qui font germer la terre, et la couvrent de fleurs.