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Ceux qu’il avait portés furent jetés au bord,
Où le Roi les reçut et s’enquit de leur sort.
Deux vieillards étonnés autant que vénérables
Parlèrent les premiers comme les plus notables ;
Tout le monde accourut, et le moins curieux
Leur prêta tout ensemble et l’oreille et les yeux,
L’on sut que la Candie est leur natale terre,
Et que leur exercice est celui de la guerre.
Alors le moins troublé de ces sages vieillards
De la belle Daphné raconta les hasards ;
Dit qu’il était son Père, et qu’enfin sa famille
Pouvait en sûreté posséder cette fille.
L’autre moins consolé montra plus de douleurs,
Et son courage seul retint ces tristes pleurs.
Hélas, dit-il alors, les fières destinées
Me font chercher l’appui de mes vieilles années,
Et cette feinte mort qui conserve Daphné,
Me fait perdre en effet un fils infortuné.
Lorsqu’il eût dit ton nom, je parle, l’on m’écoute
Plus je voulais parler plus on était en doute,
Le Roi même ravi par ces événements
S’imaginait ouïr un récit de Romans,