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Nerine mon appui, Nerine que j’embrasse,
Lui pourrais-je en mon cœur refuser une place ?
Non, non, quand mes dédains lui fermeraient ce cœur,
Son bienfait l’ouvrirait, et s’en rendrait vainqueur.
Nerine, les bienfaits ont une force étrange,
Par eux on s’amollit, par eux l’esprit se change,
Ils peuvent triompher des plus fortes rigueurs,
Et les bienfaits en fin sont les clefs de nos cœurs.

NERINE.

Je ne vous comprends point, il semble à vous entendre
Que Tyrène ait le bien que possédait Scamandre.

DAPHNÉ.

Mais quittons ce bocage, allons enfin chez vous.
Déjà l’obscurité s’avance devers nous.
Le Soleil de plus près se mire dedans l’onde,
Sa clarté se dérobe aux yeux de tout le monde,
Et cet astre réglé par les lois du destin
Me donne un triste soir après un beau matin.

NERINE.

Console-toi mon cœur, les mêmes destinées
Après de tristes nuits sont des belles journées.