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Non, non, si des malheurs aussi vieux que moi-même
Font une vaine guerre à mon amour extrême,
Il ne doit plus céder qu’à l’invincible effort
Que ce coeur malheureux recevra de la mort.

RODOPE seule.

Arrête, arrête, ingrat. Mais hélas il me laisse,
Et mon coeur aveuglé suit celui qui le blesse,
Reviens cruel, reviens contenter ta rigueur,
Et m’emporte la vie aussi bien que le coeur.
Reviens Alcimédon, excuse ma colère ;
Puisqu’elle vient d’amour, elle devrait te plaire,
Le courroux d’une amante à peine dure un jour,
Et venant de l’amour, c’est un signe d’amour.
Aime ailleurs, feins pour moi, j’arrêterai mes larmes,
La feinte qui nous flatte a même quelques charmes ;
Mais de quelles erreurs ai-je l’esprit atteint ?
Guérit-on d’un vrai mal par un remède feint ?
Et peut-on sans miracle en pareille aventure
Éteindre de vrais feux par des eaux en peinture ?
Triste et cruel amour adoucis ton effort,