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Tu n’es pas son amant.

SCAMANDRE.

Je ne sais qui je suis
Dans ce dédale obscur de peines et d’ennuis,

RODOPE.

Tu l’adores toujours comme elle persévère,
Et sous ces chastes noms, et de soeur et de frère,
On a trouvé l’amour plus doux et plus charmant,
Que sous ces noms lascifs de maîtresse et d’amant.

SCAMANDRE.

Oui je suis son amant, et je ne dois plus feindre
Puisque dans mes malheurs je n’ai plus rien à craindre :
Je l’aime, je la sers depuis mon premier jour,
Et le feu qui m’anime est celui de l’amour.
Je l’adore par tout inconstante, ou fidèle,
Je fais état des maux alors qu’ils viennent d’elle,
Et comme je naquis pour adorer ses yeux,
J’aurai même en mourant ce dessein glorieux ;
Mais ce cruel amour qui demande mes larmes
Est plutôt un destin qu’un effet de ses charmes.
Voulez-vous donc Madame en vain lui résister ?
Et si c’est un destin, croyez-vous le dompter ?