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Que l’Empire d’amour est rempli d’injustice
Lorsqu’une fille change elle y commet un vice,
Elle se rend coupable, et toutefois l’amant
Qui n’a pas fait le mal en a le châtiment.

PHILANTE.

Dis plutôt que l’amour est la même Justice,
Et qu’il sait à l’offense égaler le supplice,
Ne fais-tu pas un crime en adorant des yeux
Qu’une infidélité te doit rendre odieux ?
Ne fais-tu pas un crime indigne de sa grâce
Quand tu veux l’adorer en une seule place ?
Il est Dieu cet Amour, et comme tous les Dieux
Il veut que sans réserve on l’adore en tous lieux,
Qu’on le craigne en Philis ainsi qu’en Arténice,
Qu’on le suive en Rodope aussi bien qu’en Phénice,
On l’éprouve autrement superbe et rigoureux,
Et par notre constance il nous rend malheureux.
Quitte donc cher ami cette vaine constance
Qui donne tant de maux et si peu d’assistance,
Et crois que la raison permet le changement :
Lors que nous le suivons pour notre allègement.