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L’ingrate ne reçut de mon amour extrême
Qu’une image d’amour, et non pas l’amour même,
Quelques voeux enflammés qu’on ait faits chaque jour
Un amour qui finit ne fut jamais amour.
Enfin ce coeur léger plus que son front n’est grave
Me traite maintenant ainsi qu’un vieil esclave,
Qu’on voudrait voir fuir, et qui ne le peut pas,
Pour ce que ses langueurs s’opposent à ses pas.
Te joindras-tu volage avec les destinées
Pour éteindre en un jour un feu de dix années ?
Et malgré des ennuis si longs et si cuisants
M’ôteras-tu le prix d’un travail de dix ans ?
Ainsi belle inhumaine, orgueilleuse, cruelle,
Je te perdis constante, et te trouve infidèle ;
Mais puisque l’inconstance est jointe à tes appas,
Il m’eût été plus doux de ne te trouver pas.
Je te perdis constante, et j’en fus au martyre,
Je te trouve infidèle, et mon sort en est pire ;
Ainsi tu m’es cruelle, et tu me mets aux fers
Alors que je te trouve, et lorsque je te perds.

PHILANTE.

Que fais-tu ? Que dis-tu ? De quoi te plains-tu d’elle ?