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DU PREMIER CHANT.

Il faudrait s’étonner si tout durait toujours, etc.,

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Et si, tout consumant, rien n’était consumé.

L’éternelle durée du monde est une de ces questions que la science ne résoudra jamais. Newton, considérant dans les mouvements des corps célestes des inégalités qu’il croyait destinées à s’accroître, disait que le système finirait par avoir besoin d’une main réparatrice. Mais, dit l’auteur de l’Exposition du système du monde, liv. 5, ch. 6, cet arrangement des planètes ne peut-il pas être lui-même un effet des lois du mouvement, et la suprême intelligence que Newton fait intervenir ne peut-elle pas l’avoir fait dépendre d’un phénomène plus général ? Tel est, suivant nos conjectures, celui d’une matière nébuleuse, éparse en amas divers dans l’immensité des cieux. Peut-on encore affirmer que la conservation du système planétaire entre dans les vues de l’auteur de la nature ? L’attraction mutuelle des corps de ce système ne peut pas en altérer la stabilité, comme Newton le suppose ; mais n’y eût-il dans l’espace céleste d’autre fluide que la lumière, la résistance et la diminution que son émanation produit dans la masse du soleil doivent à la longue détruire l’arrangement des planètes, et pour le maintenir, une réforme deviendrait sans doute nécessaire. Mais tant d’espèces d’animaux éteintes, dont M. Cuvier a su reconnaître avec une rare sagacité l’organisation dans les nombreux ossements fossiles qu’il a décrits, n’indiquent-elles pas dans la nature une tendance à changer les choses, même les plus fixes en apparence ? La grandeur et l’importance du système solaire ne doivent point le faire excepter de cette loi générale, car elles sont relatives à notre petitesse, et ce système, tout vaste qu’il nous semble, n’est qu’un point insensible dans l’univers.

(17). PAGE 15, VERS 18.


La nature est la loi qu’il a donnée au monde.