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CHANT PREMIER.

Un instant nous transmet sa flamme inépuisable ;
Et telle est de ses sœurs la distance effroyable,
Qu’il en est dont les feux, l’un de l’autre jaloux,
Courent dix ans, cent ans pour venir jusqu’à nous.
      De ces traits lumineux, délices de la vue,
Quelle est donc la nature ? elle reste inconnue.
Messagers de la flamme, ou privés de chaleur,
Chacun des sept rayons apporte une couleur.
Tant qu’ils restent unis, ils brillent sans rien peindre,
Tout est blanc : tout est noir, s’ils viennent à s’éteindre.
Ces gerbes que le prisme a su décomposer
L’art ne peut les connaître, et peut les diviser.
Que l’angle du cristal les sépare et les brise,
La palette se couvre, et je vois, ô surprise !
Le pourpre, l’orangé, l’améthyste, l’azur,
Le vert, ami de l’œil, le saphir, et l’or pur,
Phénomènes brillants des jeux de la lumière,
Qui prêtent leur éclat à la nature entière ;
Nobles enchantements d’un art ingénieux
Que l’écharpe d’Iris reproduit dans les cieux.