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CHANT PREMIER.

Rien ne reste en repos : la matière agitée
Se dissipe et revient, dans l’espace emportée,
Éternel aliment d’un foyer éternel ;
Et le dieu destructeur, parricide immortel,
Saturne, dont la faim n’est jamais assouvie,
Engloutit les enfants qui lui durent la vie.
La fable nous instruit : la sage antiquité
D’un voile transparent couvre la vérité.
Gardons-nous d’interdire à l’être inaltérable
Le droit de faire un monde autant que lui durable.
Il peut tout ce qu’il veut ; et notre vanité
Assigne une limite à l’être illimité !
Tous les corps à nos yeux se transforment sans cesse ;
J’y vois sa loi suprême, et j’en crois sa sagesse.
L’homme interroge en vain et la terre et le ciel,
La nature, le temps : Dieu seul est éternel :
Tout naît, tout vit par lui ; sa parole est féconde,
La nature est la loi qu’il a donnée au monde (17),
Et qui doit gouverner les astres radieux,
Tant qu’il leur permettra d’exister à ses yeux.