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DU SIXIÈME CHANT.

On croit que la lumière d’Andromède met plus d’un million d’années à nous parvenir avec une vitesse de plus de 70 mille lieues par seconde, et que notre système solaire forme avec la voie lactée une nébuleuse dans laquelle tout ce système n’est qu’un point imperceptible.

Il n’y a pas long-temps qu’on ne comptait que 103 nébuleuses. En 1787 Herschell en découvrit 469 ; depuis il en a observé 2000 : maintenant on ne sait plus où il faut s’arrêter.

« Il paraît que loin d’être disséminées à des distances à peu près égales, les étoiles sont rassemblées en divers groupes dont quelques-uns renferment des milliards de ces astres. Notre soleil et les plus brillantes étoiles font probablement partie d’un de ces groupes qui, vu du point où nous sommes, semble entourer le ciel et forme la voie lactée. Le grand nombre d’étoiles que l’on aperçoit à la fois dans le champ d’un fort télescope dirigé vers cette voie, nous prouve son immense profondeur, qui surpasse mille fois la distance de Sirius à la terre ; en sorte qu’il est vraisemblable que les rayons émanés de la plupart de ces étoiles ont employé un grand nombre de siècles a venir jusqu’à nous. La voie lactée finirait par offrir à l’observateur qui s’en éloignerait indéfiniment l’apparence d’une lumière blanche et continue d’un petit diamètre ; car l’irradiation qui subsiste, même dans les meilleurs télescopes, couvrirait l’intervalle de ces étoiles. Il est donc probable que parmi les nébuleuses, plusieurs sont des groupes d’un très grand nombre d’étoiles qui, vus de leur intérieur, paraîtraient semblables à la voie lactée.

Si l’on réfléchit maintenant à cette profusion d’étoiles et de nébuleuses répandues dans l’espace céleste, et aux intervalles qui les séparent, l’imagination, étonnée de la grandeur de l’univers, aura peine à lui concevoir des bornes. »

(Exposition du syst. du monde, l. 5, ch. 6.)