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CHANT PREMIER.

Si la glace et le feu, se disputant l’empire,
Combattaient pour créer et créaient pour détruire,
Le désordre serait la loi de l’univers !
Former, peupler, briser tant de globes divers !
Que devient la sagesse éternelle et profonde
Qui pour le conserver a fait naître le monde ?
Mais vous, êtres bornés, ouvrage de ses mains,
Quel droit vous fut donné de juger ses desseins,
Et d’appeler désordre une règle constante
Qui soumet à la mort la nature vivante ?
L’insecte, dont le corps se dérobe à vos yeux
Éphémère habitant d’un chêne audacieux,
En parcourt dans sa vie une branche touffue,
Et croit de l’univers mesurer l’étendue.
Ce géant des forêts y régna cinq cents ans,
Il couvrit son canton de superbes enfants ;
Sa tête fut un monde, où des peuples sans nombre
Vivaient de sa substance et dormaient sous son ombre ;
Il vit naître, chanter, mourir sous ses rameaux
Des générations d’insectes et d’oiseaux ;