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L’ASTRONOMIE.

      La terre à tous les yeux raconte son histoire ;
Du feu qui l’embrasa tout garde la mémoire (13),
Il brûle, il vit encor dans ses gouffres profonds.
Cette douce chaleur et ces rayons féconds
Que le soleil sur nous chaque matin ramène,
Effleurant notre globe, y pénètrent à peine :
Ils sont loin d’égaler le foyer souterrain,
Reste des feux ravis à l’astre souverain (14),
Et que le temps a vus, dans leur ardeur première,
En torrents enflammés dissoudre la matière,
Vitrifier les rocs et les métaux divers,
Et suspendre en vapeurs l’Océan dans les airs.
Mais sur le globe enfin les ondes rappelées
D’un continent à l’autre ont rempli les vallées (15).
Sous la terre, le feu trouvant un aliment,
Compose, décompose, agit incessamment ;
Et, lorsqu’il s’éteindra, la sphère refroidie
Roulera dans les cieux une masse engourdie.
      Quoi ! l’ouvrage de Dieu, dit l’esprit étonné,
À de tels changements serait-il destiné ?