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CHANT SIXIÈME.

C’est au jour qui pour lui s’éteindra sans renaître,
Qu’à ses yeux dessillés elle doit apparaître,
Qu’elle fera briller son immortel flambeau :
La lumière l’attend sur le seuil du tombeau.
Voyez-vous tous ces corps, et l’atome et les sphères,
Rouler assujétis à deux forces contraires,
Par l’une vers un centre en vain précipités,
Par l’autre incessamment de leur orbe écartés,
Dans l’espace captifs, errants dans leur empire,
Et fuyant le repos qui toujours les attire ?
Voyez l’homme, il subit aussi les mêmes lois ;
Sublime intelligence et matière à la fois,
Il penche vers la terre, et toujours son génie
S’élance vers les biens que le sort lui dénie.
Faible atome perdu dans cette immensité,
Il veut embrasser tout, le ciel, l’éternité,
Les causes et la fin, le temps et la nature,
Et lui-même à ses yeux n’est qu’une énigme obscure.
Aveugle, il consuma sa vie à s’égarer ;
Plus savante la mort seule peut l’éclairer.