Page:Pierre Daru - l'astronomie - poème en six chants.djvu/289

Cette page a été validée par deux contributeurs.
271
CHANT SIXIÈME.

Au pied de ses autels, qu’il ne saurait défendre,
Callixte, l’œil en pleurs, le front couvert de cendre,
Conjure la comète, objet de tant d’effroi :
Regarde vers les cieux, pontife, et lève-toi !
L’astre poursuit sa course, et le fer d’Huniade
Arrête le vainqueur, qui tombe sous Belgrade(14).
Dans les cieux cependant le globe suspendu,
Par la loi générale à jamais retenu,
Ignore tes terreurs, l’existence de Rome,
Et la terre peut-être, et jusqu’au nom de l’homme,
De l’homme, être crédule, atome ambitieux,
Qui tremble sous un prêtre et qui lit dans les cieux.
Parmi ces feux sans nombre et ce vaste silence
L’élève d’Uranie en conquérant s’élance ;
Mais pour de tels travaux les avares destins
N’ont accordé qu’un sens et qu’un jour aux humains.
C’est par un point douteux, fuyant dans l’étendue,
Que l’astre se révèle à notre faible vue,
Notre œil seul peut l’atteindre au haut du firmament,
Mais son cours dure un siècle, et la vie un moment.