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L’ASTRONOMIE

L’homme ne peut atteindre à la cause première :
Le temps, la pesanteur, l’espace, la matière,
Que l’esprit croit comprendre, et ne peut définir,
Cacheront leur essence aux âges à venir.
Appelés, en naissant, à de pompeux spectacles,
Nous vivons, nous marchons entourés de miracles ;
Mais, témoins assidus, nous pouvons chaque jour
Sans assigner leur cause, attendre leur retour ;
Et tout ce qu’à nos yeux l’ordre des temps ramène
Cesse d’être un prodige, et n’est qu’un phénomène.
      Le temps, de la science observant les progrès,
D’une main patiente accumule les faits.
Épiant la nature, il sonde ses problêmes,
Confirme les calculs, et détruit les systèmes (3).
Trop long-temps les succès à nos vœux accordés,
Par notre impatience ont été retardés :
On voulut, dédaignant la route la plus sûre,
Au lieu de l’observer, deviner la nature ;
Et, son prisme à la main, l’imagination
Construisait l’univers sur une illusion.