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CHANT QUATRIÈME.

Après six ans comptés dans une nuit profonde,
L’exil accueillera le bienfaiteur du monde.
Quel exil ! les humains sont ingrats, mais ce ciel,
Objet de tout son culte, est-il donc plus cruel ?
A ses yeux si perçants la lumière est ravie.
Tel autrefois, dit-on, le savant Tirésie,
Pour avoir osé lire aux mystères des dieux,
Vieillit errant, privé de la clarté des cieux,
Tandis que les mortels, frappés de ses miracles,
À son urne, après lui, demandaient des oracles.
Tel et plus grand encor Galilée au tombeau
Du siècle qui l’opprime est le vivant flambeau,
Vainqueur des préjugés que Rome déifie.
Paraissez, défenseurs de la philosophie,
Descartes, Gassendi ; venez, qu’à votre voix(15)
La raison s’affranchisse et reprenne ses droits.
Simple, austère et nourri des leçons d’Épicure,
L’un d’un œil pénétrant contemple la nature ;
L’autre, non moins savant, mais plus audacieux,
Reconstruit l’univers, agite tous les cieux,