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PAR LES FEMMES.

force peuvent avoir les conseils d’un ami opposés aux séductions d’une femme dont c’est le métier de séduire. Je te croyais rentré dans la bonne voie : hélas ! je m’étais trompé.

— Non pas, mon cher Victor, et c’est parce que je m’y sais solide que je me permets, pour satisfaire ma curiosité, de pencher un instant la tête au-dessus du précipice dans le fond duquel se débat tout un monde inconnu de moi.

— Mon pauvre ami !… Tu te cherches pour toi-même des prétextes et tu ignores jusqu’aux dangers que tu cours !

— Je ne suis point si naïf que tu veux bien le croire.

— Puisses-tu dire vrai. Mais j’ai bien peur qu’en allant à cette soirée tu ne joues plus gros jeu que tu ne penses. La destinée d’un homme ne dépend-elle pas le plus souvent d’un geste, d’un mot, d’un rien ! Tu crois aller chez cette femme comme on va au théâtre, pour voir, pour s’instruire, ou tout au moins pour se distraire. Prends bien garde de devenir un des acteurs de la triste comédie dont ces courtisanes sont les auteurs et qui se joue continuellement autour d’elles.

— Ce n’est pourtant pas en restant dans