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PAR LES FEMMES.

l’éviter. Il n’avait pas encore pensé à ce qu’il dirait à son ami : lui avouerait-il la vérité ou la dissimulerait-il sous quelque habile mensonge ?

À cette dernière idée, il se révolta :

— En vérité, je ne suis plus un enfant qui est obligé de se cacher, de peur d’être grondé. Il y a beau jour que j’ai rompu mes lisières. Victor est un charmant garçon, mais je ne lui reconnaîtrai jamais le droit d’exercer sur moi la moindre tutelle. Vais-je voir ce qu’il fait, moi ?… Je le laisse bien courtiser Mlle Olga !… Eh bien ! j’entends qu’il agisse avec moi comme j’agis avec lui !… Ce serait vraiment trop bête d’avoir peur d’un camarade.

En réalité, ce n’était pas de Victor que Jacques avait peur : c’était de sa propre faiblesse qu’il avait honte. Lorsque vous vous êtes écrié devant un ami, avec tout l’enthousiasme d’une résolution subite et sincère : « Je ne ferai plus jamais cela », il est toujours pénible, pour votre dignité, de venir à quelques jours de là, l’oreille basse, avouer à ce même camarade : « Je vais le faire. » C’est un peu la situation du voleur que l’on surprend la main dans le sac.

Néanmoins Dubanton préféra faire cet accroc