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PAR LES FEMMES.

pour un mot d’amour tombé de leur bouche ! Mais que je suis bête de penser à cela ! Je ne goûterai jamais les ivresses auxquelles je songe : il n’y a que les Emmas qui se donnent à de pauvres bougres comme moi !

Il laissa échapper un soupir de regret et tenta, par un effort d’esprit, de briser son rêve.

Mais sa pensée, un instant distraite, comme un pigeon au pigeonnier, revint à tire-d’ailes au souvenir d’Alcinde.

Et tout en frappant négligemment la table du bout de sa plume, qu’il tenait entre deux doigts, les veux fixés sur l’encrier ouvert, il continuait de penser :

— Avant de les connaître — il croyait les connaître maintenant ! — j’attribuais à ces femmes d’étranges vertus d’attraction qu’elles ne possèdent peut-être pas. Je m’explique aujourd’hui plus simplement leur succès : elles sont aimées, parce que véritablement elles sont aimables !

Toutefois, si simple que lui fût apparue Alcinde, il ne pouvait se résoudre à la dégager complètement du voile mystérieux dont son imagination l’avait enveloppée.

— Il n’est pas possible que ces femmes-là