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tout. Comme il avait beaucoup de goût pour la musique, c’est lui qui tenait l’harmonium le dimanche à la messe. Le brave curé était enchanté de son élève, mais il dut bientôt s’avouer incapable de pousser plus loin et utilement l’instruction du petit Dubanton. C’est alors que ses parents, déjà fiers de leur progéniture, qu’on appelait dans le pays le petit savant, conçurent le projet d’en faire « un monsieur ». Ils l’envoyèrent au collège à Blois et, dès lors, se privèrent de tout pour qu’il ne manquât de rien et ne fût pas moins bien traité que les fils de famille, ses camarades. Jacques resta au collège jusqu’à dix-huit ans et revint au domicile paternel, la tête convenablement bourrée de sciences, avec son diplôme de bachelier dans sa poche.

La félicité des vieux dès lors fut parfaite ; l’avenir leur apparaissait sous les plus brillantes couleurs. Il fut décidé que Jacques irait à Paris, y étudierait le Droit pour devenir avocat, « un avocat célèbre », affirmait la mère Dubanton.

— Oui, mon fieu, disait le vieillard, qui venait d’allumer sa pipe, faut que tu sois un jour un grand homme. T’es un garçon qui a de l’intelligence et des moyens, pas vrai, le