Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
PAR LES FEMMES.

Jacques était émerveillé et trop occupé à contempler les meubles, les tableaux, les statuettes, les vases, les mille objets d’art qu’il avait sous les yeux, pour qu’il lui fût possible de répondre. Pour la première fois de sa vie, il voyait une telle profusion de luxe. À son étonnement, à son admiration venait se mêler une émotion légère, qui lui faisait battre le cœur, tandis qu’il se répétait, comme pour bien se convaincre : « Oui, je ne rêve pas, je suis chez une femme entretenue. » Et, son imagination naïve s’exhaltant à cette idée, il poursuivait : « Je suis chez une de ces créatures fantastiques qui défrayent toutes les chroniques, chez une de ces reines de la volupté et du plaisir, dont le sourire est tout puissant, dont l’appétit par tout l’or du monde ne saurait être assouvi, chez une de ces femmes charmantes et terribles, monstrueuses et divines, êtres de joie et de folie. »

Une portière en tapisserie se souleva : Mme Marguerite Alcinde parut. C’était une jeune et jolie femme, fort bien en chair, blonde, gracieuse, élégante mais simple, et qui ne répondait qu’imparfaitement au type tumultueux de courtisane que Jacques imaginait.