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PAR LES FEMMES

Le père et la mère Dubanton étaient au comble de leur joie et se mirent non pas à aimer leur rejeton, mais à l’idolâtrer. Rien n’était assez beau pour lui. Il eut un trousseau digne d’un prince ; on serait venu en grande pompe le chercher pour le mettre sur un trône, que sa mère eût trouvé cela tout naturel. Ses désirs étaient des ordres, ses caprices des lois. Toutefois, à l’encontre de beaucoup d’autres qui dans sa situation seraient devenus de véritables tyrans, le petit Jacques, dont le caractère était d’une douceur angélique, n’eut que des désirs modestes et presque pas de caprices. Sa mère se plaisait à dire qu’il avait le cœur sur la main, ce qui était vrai, et que sa principale occupation était de satisfaire ceux qui l’aimaient.

Les Dubanton s’accordèrent à penser qu’une telle perfection ne pouvait s’abaisser à remuer la terre. Aussi à l’âge où les enfants de la campagne commencent à manier le hoyau et à paître les vaches, Jacques fut confié au curé qui, devinant chez le petit bonhomme une intelligence précoce et vive, prit grand soin de lui, lui donna quelques notions de français et de latin, et lui apprit l’histoire sainte à fond. Jacques écoutait attentivement et retenait