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donna la plus grande de toutes les richesses, qui est l’amour. Quelque chose cependant manquait au bonheur de ces nouveaux Philémon et Baucis, qui vieillissaient, seuls, dans leur chaumière. Il leur arrivait souvent, lorsque, les soirs d’hiver, la journée de travail finie, ils se reposaient au coin de l’âtre, il leur arrivait souvent de rester silencieux, les yeux fixés sur la flamme crépitante des bourrées sèches, et de pousser un soupir. Et ce soupir signifiait : « Qui donc, quand nos bras seront fatigués, que nos jambes seront lasses, qui prendra la charrue pour labourer nos terres ? Qui donc, quand nous serons infirmes, prendra soin de nous ?… Qui donc, quand viendra la mort, nous fermera les yeux et versera sur notre tombe une larme de regret ? » Hélas ! ils avaient beau supplier le ciel de bénir leur union : le ciel restait sourd à leurs prières. Ils se résignaient donc à terminer leur vie seuls, n’ayant d’autre affection que celle qu’ils avaient l’un pour l’autre, quand, presque au terme de leur carrière, un enfant leur fut envoyé, digne couronnement d’une vie d’honnêté et de travail.

Inutile de dire comment fut accueilli le nouveau venu, à qui l’on donna le nom de Jacques.