Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
PAR LES FEMMES.

peau neuf et des gants qu’il acheta pour la circonstance.

Après le dîner, les deux amis, en fumant une cigarette, s’acheminèrent vers le bal.

Quand il y entrèrent la salle était déjà pleine. Aux sons discordants et criards d’un orchestre de cuivres, sous des girandoles de lumières et des oriflammes multicolores, des couples tournaient, se bousculaient, riaient aux éclats.

Autour des tables, qui couraient tout le long de la balustrade du pourtour, surélevé de quelques marches, étaient réunies des bandes de consommateurs. La plupart des hommes avaient de larges feutres qui, crânement posés sur l’oreille, semblaient se moquer à la fois des honnêtes gens et des lois les plus élémentaires de l’équilibre ; d’autres, mais rares, le traditionnel béret. Dans ce temple du rire, les femmes portaient culotte : on en voyait, qui, les mains dans les poches, la cigarette à la bouche, marchaient en se dandinant à la façon des canards. Quand l’orchestre éclatait, elles disparaissaient, se fondaient dans la foule des danseurs. On les perdait de vue quelques instants, et puis on les voyait revenir, le visage cramoisi et ruis-