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PAR LES FEMMES

cine Dubanton, le jeune homme dont la tournure élégante détonnait en ce lieu de patriarcale simplicité, allait partir à Paris pour y étudier le Droit.

Il surprendra tout naturellement que le fils d’aussi modestes paysans se destinât à l’une des carrières qu’ouvre la Faculté. Aussi est-il nécessaire, avant d’aller plus loin, de revenir sur nos pas et de donner quelques détails rétrospectifs.

Le père Adrien Dubanton, qui était âgé de soixante-dix ans, n’était ni plus ni moins qu’un paysan, mais il possédait une fortune assez rondelette qu’il avait amassée en défrichant des terres achetées à vil prix, alors qu’elles étaient incultes et paraissaient incultivables. Parti sans autre capital que ses rudes mains de besogneux, il était devenu avec le temps, de la patience, du travail et de l’économie, l’un des plus gros propriétaires de la contrée. Son domaine lui rapportait bon an mal an, disaient les envieux, de huit à dix mille livres de rentes.

Cependant qu’il travaillait courageusement, Dubanton s’était adjoint une compagne fidèle et dévouée, qui l’aida de toutes ses forces, l’encouragea aux heures de défaillance et lui