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PAR LES FEMMES.

soir même de son retour, à diner, il déposa sur la table un pot de crême fraîche, que lui avait remis sa mère en partant. On s’en régala : les sœurs Brisart sortirent de leur mutisme habituel pour déclarer que la crême était parfaite et telle qu’on n’en pouvait manger qu’à la campagne, et Mlle Olga Narishka passa le pot à Victor avec un sourire qui n’échappa point au perspicace Dubanton.

— Ho !… ho !… se dit-il. Est-ce que par hasard !…

Quant à Mme Adélaïde, elle descendit elle- même à la cave et en rapporta deux bouteilles de bon vin qui dataient de feu le colonel Grandgoujon.

La salle à manger de la pension de famille résonna ce soir-là, pour la première fois peut-être, de bruyants éclats de rire. Le retour au foyer paternel de l’enfant prodigue ne donna certainement pas lieu à un plus grand débordement de joie que la rentrée de Dubanton à la maison de Mme Adélaïde.

Mais en ce bas monde tout a une fin : les plus grandes ivresses s’évanouissent. Dès le lendemain le calme reprenait possession de l’hôtel et de ses habitants.