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PAR LES FEMMES.

ments de campagnard, chaussait de gros souliers, s’entourait les jambes de fortes guêtres de toile, prenait une croûte de pain dans la huche, avalait un bol de lait, décrochait le vieux fusil suspendu au-dessus de la cheminée, dans la grande salle, et, faisant cavalièrement sonner sur le sol les clous de ses souliers, alerte et dispos, il allait détacher le chien, qui se mettait à japper et à gambader dès qu’il l’apercevait. Ils partaient tous deux à la chasse. L’herbe était humide de rosée et le soleil comme frileusement emmitouflé dans un voile de brume. Ses rayons cependant commençaient de filtrer, mais timides et froids, et les alouettes, invisibles, montaient en chantant gaiement les chercher, derrière le rideau de gaze translucide, dans l’azur. Jacques sentait une sève ardente, comme un trop-plein de santé, bouillonner en lui ; sa poitrine se gonflait : il était fort. Et il lui semblait que l’air frais du matin qu’il aspirait à pleins poumons, lui dilatait le cœur et lui mettait comme de la vie dans l’âme.

Il se rappelait les bons coins, où il accompagnait son père, quand celui-ci, moins vieux, chassait encore. Jacques était bien jeune à cette époque. Il portait alors le carnier qui lui