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cousins si éloignés qu’on ne les soupçonnait pas ; des parents qu’on croyait morts ressuscitèrent et, pour la circonstance, on oublia les vieilles querelles domestiques. Ce fut un jour de trêve et un jour de fête. Les hommes, les femmes, les enfants avaient tiré du fond des tiroirs, leurs nippes de cérémonie : l’habit à queue légendaire qu’on se passe de génération en génération, la robe de mariée que l’on rafraîchit, ou celle de première communion que l’on allonge ; on savait que « le parisien » était là, et chacun avait à cœur de faire bonne figure.

Jacques, qui était très perspicace, s’aperçut tout de suite de l’effet qu’il produisait et des marques inusitées de déférence dont il était l’objet. On ne lui tendait plus la main négligemment et sans façon comme autrefois, mais après s’être incliné devant lui à plusieurs reprises et avoir bredouillé quelque inintelligible formule de politesse que l’on sentait avoir été apprise par cœur. On ne l’appelait plus « petit Jacques, » mais on lui disait « Monsieur Jacques » gros comme le bras, ou, avec une respectueuse familiarité : « Mon cher Jacques, » selon le degré de parenté ou d’intimité.