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PAR LES FEMMES

larges épaules. En face de lui était assise une femme d’un grand âge, son épouse sans doute ; au côté gauche de celle-ci, un curé de campagne, respectable et dodu, comme la plupart le sont, et à l’un des bouts de la table un jeune homme, beau gars bien découplé, quoique encore imberbe, au front haut, couronné d’une abondante chevelure noire rejetée en arrière, au regard droit et profond, à la physionomie expressive et aimable.

Le vieillard, qui était évidemment le maître de la maison, portait le costume des paysans de la Sologne ; simple, rustique était sa mise, mais propre et soignée ; elle disait l’aisance, comme aussi le buffet de noyer soigneusement entretenu, les chaises rembourrées et recouvertes de cuir, les gravures, les vieilles assiettes et les trophées de chasse qui décoraient les murailles de la salle.

La vieille femme était vêtue d’une robe sombre, sans aucun agrément ; elle était coiffée d’un bonnet de dentelle, qui, se rabattant de chaque côté, lui couvrait les oreilles et qu’attachaient sous son menton deux brides de velours noir. Sa physionomie était calme, douce et souriante, mais portait l’empreinte que frappent les mauvais jours ; cette femme,