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PAR LES FEMMES

plupart d’entre eux souffrent éternellement : ce serait là l’œuvre, non d’un bon Dieu, mais d’un misérable !… Et voilà comment, vous qui croyez à ce Dieu-Chatiment, vous êtes dans la cruelle nécessité de chanter avec le poète :

Mon juge est un bourreau qui trompe sa victime,
Pour moi tout devient piège et tout change de nom.
L’amour est un péché, le bonheur est un crime,
Et l’œuvre des sept jours n’est que tentation.

— Ainsi, s’exclamait Jacques, vous ne croyez pas en Dieu !

— Pas plus qu’au diable. Ce sont là des fictions, qu’inventa l’imagination naïve de nos pères, dont on usa longtemps et avec profit pour gouverner les peuples par la crainte de l’enfer et l’attrait du ciel. Mais vous ne voudriez pas qu’aujourd’hui, un homme sensé, ayant un peu d’instruction, crût de pareilles balivernes.

— Je ne partage pas votre manière de voir.

— Pourquoi ?

— Parce que je suis ce que vous n’êtes pas : chrétien.

— Je vous attendais là. Eh bien ! jeune homme, dites-moi done pourquoi vous êtes chrétien et non pas juif ou musulman ? tout