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PAR LES FEMMES.

— Un jour — voici de cela bientôt une vingtaine d’années — il m’est arrivé — je ne sais plus par quel hasard — d’ouvrir un livre de piété. J’y lus ces mots : « Rien n’arrive en ce bas monde que Dieu ne l’ait prévu, voulu et ordonné ». Cela m’a suffi pour juger votre religion. Je me suis à moi-même posé ce dilemme : ou bien cela est vrai, alors la liberté de conscience et la liberté d’action, le libre arbitre, ne sont que des mots, et nous tombons dans le fatalisme. Nous ne pouvons être responsables de pensées et d’actes que Dieu a prévus, voulus et ordonnés de toute éternité. Nous ne pouvons être punis ou récompensés d’avoir eu des pensées ou commis des actes dont nous ne sommes pas responsables : donc ne me parlez pas de peines et de récompenses futures. — Ou cela est faux : alors nous sommes libres et responsables, nous pouvons faire ce que nous voulons. Si nous faisons le mal, nous désobéissons à Dieu, qui, étant le Bien, ne peut vouloir le mal : or, comment pouvoir désobéir à l’Être Tout-Puissant, à moins d’être nous-mêmes aussi puissants, ce qui est une absurdité. D’autre part, comment admettre que Dieu qui, dites-vous, est la bonté même, ait créé de pauvres êtres, pour que la