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PAR LES FEMMES.

nombreuses, les louanges qui déjà montaient de toutes parts jusqu’à lui.

Le futur député s’était installé en son château de Rosbec, , à son poste de combat, comme il disait avec fanfaronnade. Il prenait lui-même la parole dans des réunions politiques : son verbe facile, sa faconde intarissable séduisaient ses auditeurs. Deux fois par semaine il faisait distribuer, en sa présence, des vivres et des vêtements aux miséreux du pays, s’engageait à maintenir cet usage s’il était élu et disait : « M. Maury, mon honorable adversaire, parle : moi, j’agis. »

Un jour, pendant qu’il déjeunait, en compagnie de quelques intimes, on lui remit une lettre. Il l’ouvrit et ne put réprimer un geste de surprise en apercevant, en guise de signature, les initiales V. M.

La missive était courte ; elle contenait ces mots :

« L’ambition est la meilleure et la pire des passions humaines, selon qu’elle est bien ou mal dirigée, selon que les moyens qu’on emploie, pour la servir, sont bons ou mauvais : elle a fait des héros, elle a fait aussi des chenapans. »