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PAR LES FEMMES

Tantôt il s’asseyait, grave, songeur, accumulant les arguments contre le régime actuel ; tantôt il se levait, éclatait, sapait, renversait. Tout son visage alors s’illuminait, radieux, tel celui d’un apôtre qui, emporté par sa foi, entrevoit dans un avenir prochain, le triomphe des doctrines pour lesquelles il combat.

Quelquefois Jacques s’endormait dans un fauteuil : Victor, grisé par ses propres paroles ne s’en apercevait pas, il continuait :

— Oui, disait-il, j’en tombe d’accord : l’égalité chez les hommes est une utopie. L’égalité est en effet la négation de la société qui repose sur une hiérarchie. Mais ce qui est possible, ce qui doit être, ce qui sera, c’est la suppression des trop grosses fortunes et par le fait même des trop grandes misères.

« Comment ?

« Je ne sais encore : j’étudie les maux et n’en suis pas encore aux remèdes. Mais, de prime abord, la cause de l’accumulation des richesses entre les mains de quelques privilégiés me paraît être l’hérédité. Supprimons la : les biens revenant à l’État à la mort de leur détenteur, qu’arrivera-t-il ?

« 1° Il n’y aura plus de fortunes colossales et révoltantes.