Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
301
PAR LES FEMMES.

— Ma chère amie, dit-il après réflexion, dans l’état actuel des choses, malgré toute ma bonne volonté, il m’est impossible d’accéder à votre désir. Monsieur du Banton peut être maintenant l’homme du monde le plus accompli, cela ne suffit pas pour faire oublier le petit rez-de-chaussée de la rue Murillo, de trop célèbre mémoire. Savez-vous bien comment débuta à Paris le monsieur auquel vous vous intéressez si fort ? Un beau jour on le vit apparaître, nul ne sachant d’où il sortait. Il était pauvre, je crois, mais il avait — comment ? je l’ignore encore — de trop belles relations pour le demeurer longtemps. Une cocotte de haute envergure, qui était à cette époque ma maîtresse, le prit spécialement sous sa protection et le lança. Tous les jeunes gens de mon âge se rappellent certainement ce petit appartement de la rue Murillo, où l’on trouvait toujours de l’argent, à condition de le payer fort cher. Car, déjà à cette époque, il avait de l’argent : je ne sais qui lui en fournissait. Peut-être moi, après tout, par l’entremise de cette excellente personne qui l’aimait passionnément. Ajoutez à cela qu’on ne lui a jamais connu ni père ni mère, ni aucun parent. C’est au moins étrange. A-