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PAR LES FEMMES

séjournaient jamais plus d’un jour, effrayés qu’ils étaient par les allures de gendarme de la patronne.

Dans ce milieu calme et paisible qui lui rappelait la chaumière natale, dans cette atmosphère familiale où il respirait librement, Jacques ne tarda pas à se remettre de son premier ahurissement : à l’impression d’éloignement, de solitude et de détresse, qui, lors de son arrivée à Paris, l’avait comme saisi à la gorge, quasiment étouffé, succéda bientôt celle de se trouver entouré de braves gens, bienveillants et amis. Tout naturellement ce fut avec Victor Maury qu’il se lia de préférence : ce jeune homme en était à sa seconde année de droit. N’ayant que de très modestes ressources personnelles, il lui fallait travailler pour faire face aux exigences de la vie et des études qu’il avait courageusement entreprises ; il était clerc dans une étude d’avoué, et les quelques heures de loisir dont il pouvait disposer, il les employait à copier des manuscrits. Les deux jeunes étudiants en droit s’entendirent vite et bien, non qu’ils eussent les mêmes idées, mais parce qu’ils avaient le même caractère. Tous les deux en effet étaient ambitieux : le même désir absorbant d’arriver