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PAR LES FEMMES.

consulter un médecin, il entrait alors dans des colères folles. Un jour enfin qu’elle le poussait de s’expliquer sur l’étrange mal qui semblait le ronger, il éclata, et comme elle lui avait demandé :

— Mais enfin, mon ami, où souffrez-vous ? Qu’y a-t-il ?

— Il y a, s’écria le misanthrope, il y a que tous les gens qui nous entourent me dégoûtent ! Il y a que j’en ai assez d’être traité comme un larbin !…, Je veux qu’on ait pour moi le respect que l’on a pour d’autres qui ne valent ni plus ni moins que moi !…

Elle ne put s’empêcher de rire, ce qui l’exaspéra. Elle tenta de le consoler, lui assura qu’il se trompait, que d’ailleurs l'opinion du monde devait leur importer peu, que le vrai bonheur est dans l’amour, qu’elle était heureuse parce qu’elle était près de lui, qu'il devait l'imiter.

Il haussa les épaules, ne lui répondit point, continua de souffrir. Toutefois, à la longue, la jalousie qui le torturait, s’endormit peu à peu. La fortune, pensait-il, l'avait toujours favorisé et lui avait fait accomplir bien des choses extraordinaires. Pourquoi n’en serait-il pas toujours de même. Ce n’était pas le